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vendredi 8 juillet 2022

Sur la Playlist de l'été : Haendel, les concertos pour orgue et orchestre

 

De quoi se réconcilier enfin avec l'espèce humaine : les concertos pour orgue et orchestre de Haendel...

D'abord, parce qu'il s'agit du grand Haendel, un des immenses piliers de la musique baroque à son apogée ; l'égal de Bach, Telemann, Scarlatti, Rameau...

Ensuite parce que Haendel est singulier : il n'était pas né dans une famille de musiciens, alors que c'était plutôt la règle à l'époque.

Orphelin à quatorze ans, son père devient apprenti chirurgien-barbier au centre des pays germaniques. Le grand père était chaudronnier : ascendance tout à fait atypique.

Parcours étrange aussi : destiné à une carrière juridique, c'est en cachette de son père qu'il est devenu le plus grand organiste de son temps. On disait que seul Bach l'égalait, et ce n'est pas rien.

Enfin, ces concertos pour orgue et orchestre ne sont pas des oeuvres religieuses. Ils étaient joués pendant les interludes lors des grands oratorios composés par Haendel à Londres, où il s'était finalement installé de manière durable après une parenthèse italienne, venant de sa province germanique.

Au final, ces concertos étaient comme des coupures publicitaires pour ses prochains oratorios : c'est que le grand Haendel, champion de l'orgue, avait de quoi attirer un public supplémentaire important. Pas mal, comme spot de pub.

L'orgue est la vedette de ces pièces, l'orchestre étant destiné à le mettre en valeur mais jamais l'égaler.

Ces pièces courtes - par définition - se jouaient sur des petits orgues mobiles dans de grandes salles dédiées à la musique. Elles profitaient de l'orchestre et de l'installation des grands oratorios pendant les changement d'installation ou de décor. Mais de nos jours, les enregistrements se font aussi dans les églises, car on trouve peu d'orgues ailleurs et les orgues mobiles sont aussi rares.

Cette douzaine de pièces sont formidables : légères, aériennes, virtuoses, d'une expressivité incroyable.

S'y ajoutent des tonalités quasi enfantines car les orgues interprétant cette musique utilisent souvent des jeux d'orgue qui ressemblent à ceux des petits orgues mobiles de l'époque, plutôt aigus, délicats, célestes. Les plus avertis reconnaitront notamment les jeux de flute, voix céleste, viole de gambe, flute traversière, hautbois, voix humaine, trompette, bombarde, clairon, cromorne...

Voici d'abord deux extraits du même morceau, représentatif du rôle de l'orgue dans ces concertos. La première vidéo de 1973 utilise un orgue moderne dont la sonorité est magnifique et bien adaptée au morceau. Cet instrument se trouve à Manchester, dans l'auditorium du conservatoire de musique. La deuxième est un enregistrement de référence de 1986 venu des Pays-Bas.



Et pour donner une vue d'ensemble de ces concertos, voici une intégrale proposée gratuitement par Brilliant Classics. Quelques oeuvres de même facture, notamment un concerto pour harpe, sont ajoutés. Pour l'ensemble, nous sommes partis pour un peu moins de 4 h 30 mn. Bonne écoute !



On peut écouter aussi la première partie des concerts par Marie-Claire Alain, grande organiste, qui fait référence :


Et une version historique de Karl Richter, filmée en 1972, avec l'ensemble de Munich. Le tempo est un peu lent pour les oreilles de 2022, mais elle peut faire référence aussi.



dimanche 16 août 2020

Sur la Playlist du week-end... et de beaucoup d'autres jours : Christina Pluhar

Christina Pluhar est une déesse de la musique, et notamment de la musique baroque. Ses instruments (harpe baroque, théorbe, luth) la prédestinaient sans aucun doute à reconstituer les sons de l'époque. On jubile quand on trouve ces sonorités brutes, rocailleuses, et un peu étranges, l'oreille moderne étant habituée aux timbres produits par les orchestres symphoniques hérités du XIX° siècle, codifiés comme une grammaire française.

L'oreille a de quoi de repaître longtemps dans son immense production avec l'Arpegiatta, l'ensemble qu'elle a créé en 2000.

Ces jours-ci on écoutera la musique baroque italienne de la période précoce, juste au tournant du XVII° siècle, 

On trouve beaucoup de choses sur YouTube : cette très longue vidéo (1 h 30) reprenant un concert de 2016 dans le cadre du festival de musique ancienne d'Utrecht (Pays-Bas) est proposée ci-dessous.

Juste en dessous, un extrait du même concert, qui est surtout une facétie des chanteurs et musiciens, parfaitement dans l'esprit du baroque, qui souvent prête à sourire, voire à rire. Et juste après, la même facétie mais enregistrée à Paris, salle Gaveau, le 31 janvier 2012.

Dans la suite, on consacrera une autre publication aux interprétations de Christina Pluhar qu'elle a données des musiques baroques du nouveau monde, dont les sonorités, encore une fois, arrêtent longuement l'oreille, évidemment contaminées par les rythmes et timbres amérindiens.

On y avait déjà consacré il y a longtemps déjà une publication sur le blog sur les musiques baroques d'Amérique du Sud.



mercredi 13 mai 2020

Pêcheur de perles musicales (25) : Vergnügte Ruh - Cantate BWV 170 - Bach

Voici le chant des anges pour reprendre le cycle perles musicales :

Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust,
Dich kann man nicht bei Höllensünden,
Wohl aber Himmelseintracht finden;
Du stärkst allein die schwache Brust.
Drum sollen lauter Tugendgaben
In meinem Herzen Wohnung haben.

Repos délicieux, plaisir recherché de l'âme,
Tu ne peux pas être trouvé parmi les péchés de l'enfer,
Mais plutôt dans la concorde du paradis
Toi seul renforce le cœur faible.
Donc seuls les dons purs de la vertu
Auront une place dans mon cœur.

Il s'agit d'une belle cantate de Bach (BWV 170), composée pour le repos de l'âme. 

Voici trois interprétations. Celle de Jakub Orlinski, le prodige polonais entendu partout - y compris à Reims il n'y a pas longtemps. On reparlera et on écoutera d'autres choses de lui bientôt.



Celle d'Andrea Scholl, interprétation magistrale de référence, indépassable sans doute jusqu'ici. La différence de maturité est notable et il chante dans sa langue maternelle, il est allemand.



Et celle d'Angelika Kirchschlager, dont la voix féminine d'alto rivalise sans problème celle des contre-tenors, entendus plus souvent sur cette aria. Elle est autrichienne et chante aussi dans sa langue maternelle.



mardi 26 mars 2019

Les Pêcheurs de Perles « Je crois entendre encore » par Cyrille Dubois ...


Après la grande série consacrée à l'air de Nadir dans les "Pêcheurs de Perles" sur le blog, il fallait en rajouter une interprétation : celle de Cyrille Dubois. Beau timbre, belle diction; A réécouter et découvrir ses autres airs fétiches. A suivre ! http://www.cyrille-dubois.fr/

samedi 23 novembre 2013

Pêcheur de perles musicales (24) : Voilà ce que l'Amour fait - Bach - Sieht, was die Liebe tut (Cantate BWV 85)

Se poser de temps en temps pour écouter quelques cantates. Pourquoi pas, si exotique que cela puisse paraître.

Et l'on se souviendra que le grand Bach râlait beaucoup contre cet exercice obligé et alimentaire : en produire une par dimanche. Un vrai calvaire. Et puis ces chanteurs et ces musiciens qui n'étaient jamais à la hauteur...

Mais que reste-il de tout cela quand on rencontre cette perle ?


Seht, was die Liebe tut.
Mein Jesus hält in guter Hut
Die Seinen feste eingeschlossen
Und hat am Kreuzesstamm vergossen
Für sie sein teures Blut.

Voici ce que l'amour fait.
Mon Jésus laisse sous bonne garde
Les siens solidement enfermés
Et a versé sur le bois de la croix
Son précieux sang pour eux.

Cantate BWV 85 "Ich bon ein guter Hirt" (je suis un bon berger), Netherlands Bach Collegium, Holland Boys Choir


samedi 19 juin 2010

Pêcheur de perles musicales (23) : Mozart, le Benedictus du Requiem


Pas plus qu'une soirée à l'opéra, un grand concert ne se refuse. C'était hier : le Requiem de Mozart, dans une des plus anciennes et plus prestigieuse basilique de la vieille France.

Interprétation impeccable à tout égard - orchestre, solistes, choeurs, mais comment s'en étonner, vu la qualité de l'affiche ?

Interprétation subtile, toute en nuances et en rondeurs, alors que nombre de de versions forcent un peu sur les cuivres et les effets, compte tenu du caractère tragique du morceau. La vidéo du concert n'est pas disponible encore, on la référencera dès que possible.

Pour l'heure, on pourra trouver ci-dessous quelques versions de référence du beau Benedictus, que l'on peut évidemment, à l'occasion et tout de go, élever à la dignité d'une perle musicale.

(Solistes)
Benedictus qui venit in nomine Domini.
(Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur)
(Chœur)
Osanna in excelsis

(Hosanna au plus haut des cieux)








"Ne le prends pas sur ce ton avec moi !"


mercredi 26 mai 2010

Pêcheur de perles musicales (22) : le Stabat Mater de Pergolese




Le Stabat Mater de Pergolese est quasi-obligatoire dans un cycle "perles musicales", et particulièrement sa première séquence. Magnifique Duo baroque d'un alto et d'une soprano (encore un duo !) survolant des paroles de douleur qui ont inspiré tant de compositeurs. Le Stabat Mater est la dernière oeuvre écrite par Giovanni Pergolèse avant qu'il ne meure de la tuberculose. Il avait 26 ans, ce n'est pas indifférent de le savoir avant d'écouter cette musique céleste.


Stabat Mater dolorosa
Iuxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.


Debout, la Mère, pleine de douleur,
Se tenait en larmes, près de la croix ,
Tandis que son Fils subissait son calvaire.

Beaucoup d'interprétations sont disponibles. En voici quelques unes, chantées par des femmes   et/ou des hommes, comme à l'habitude pour les parties d'alto. J'aime bien les versions d'Andreas Scholl (les deux premières) et celle de Bowman (la troisième, ma préférée je crois).











samedi 20 mars 2010

Pêcheur de perles musicales (21) : Rameau, Hippolyte et Aricie, Trios des Parques



Il n'y a pas que les Indes Galantes dans la vie musicale de Rameau. Hippolyte et Aricie, découvert en son temps à l'Opéra comique, mérite une médaille au tableau des folies baroquissimes qui font le délice des amateurs d'esthétique décalée jusqu'à l'outrance, voire l'absurde.

Encore une fois, on aurait envie de nominer l'opéra tout entier - ou au moins une partie substantielle de ses arias et choeurs - à la distinction de Perle musicale. Mais puisqu'il faut choisir, proposons les deux trios des Parques, au début de l'opéra.

Résumons : dans une antiquité grecque d'opérette, Thésée le héros, fait des pieds et des mains auprès de tous les dieux pour retrouver aux enfers son ami Piritoüs, mort au combat, et le ramener si possible. A force d''arguments et de jérémiades, Jupiter écoute Thésée et contraint Pluton à lui ouvrir les portes d'outre-tombe, puis à l'en faire revenir.

Mais attention, il y a une condition : que Thésée écoute les Parques lui raconter un bout de son futur... et le trio infernal le lui raconte de manière allusive en concluant : Tu sors de l'infernal empire, pour trouver les enfers chez toi ! Brrr, on tremble !

Les Parques ont lu dans l'avenir de Thésée l'idylle de sa propre épouse, Phèdre, avec son fils d'un premier lit, Hippolyte. Mais tous ceux qui ont étudié Phèdre, de Racine, qui figure au programme du collège, devraient se souvenir de l'histoire, non ?

Les Parques par Alfred Agache

Rameau s'en donne à coeur joie dans les deux interventions des Parques, à l'acte II. 


D'abord pour dire à Thésée qu'il ne pourra pas rejoindre les enfers en abrégeant sa vie :


Du Destin le vouloir suprême
A mis entre nos mains la trame de tes jours ;
Mais le fatal ciseau n’en peut trancher le cours,
Qu’au redoutable instant qu’il a marqué lui-même.



Et ensuite, une fois qu'il est descendu aux enfers et qu'il veut en revenir, pour lui annoncer son avenir :


Quelle soudaine horreur ton destin nous inspire ?
Où cours tu malheureux ? Tremble ; frémis d’effroi.
Tu sors de l’infernal Empire,
Pour trouver les Enfers chez toi.


C'est surtout le second trio qui impressionne, proposé ci-dessous.


Plusieurs versions comme d'habitude, mais une préférée dans la figuration de l'horreur, les autres paraissant plus molles : celle de Malgloire, dans un enregistrement des années 70, hélas mal repiqué du disque vinyl, mais je promets au visiteur de travailler à une meilleure reproduction, qui remplacera celle-là. L'extrait précédent est tiré du même disque. La deuxième version est une version de Minkowski.


Puis deux videos : une de l'enregistrement d'un concert donné pour le vingtième anniversaire des Musiciens du Louvre le 18 décembre 2002, avec les chanteurs Cyril Auvity, tenor, Jean-Sébastien Bou, baryton et le grand Laurent Naouri, baryton également, Orchestre et choeur des Musiciens du Louvre, dirigés par Marc Minkowski. Hélas, il s'agit d'un récital sans mise en scène d'Opéra. En effet, il est toujours marrant de voir comment les metteurs en scène présentent les Parques, personnages féminins chantés par des hommes.


On le voit en revanche dans la vidéo suivante, enregistrement à Aix en Provence en 1983 d'une représentation dirigée par John Eliot Gardiner.












dimanche 17 janvier 2010

Pêcheur de perles musicales (20) : Bach, les Gloria des messes brèves



Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu, écrit Cioran dans son petit opuscule Syllogismes de l'amertume (1952). Voilà qui nous ramène, après les cantates - voir la perle musicale numéro 15 d'il y a presque un an - à une autre partie de sa musique sacrée, les messes.

Et tout particulièrement ses messes brèves, découvertes très tôt après mon atterrissage sur la planète "classique", et qui furent en bonne part responsables de mon engouement pour cette musique exceptionnelle, écrite un peu comme le cerveau pense - ou plutôt comme il devrait penser : de manière mesurée, ordonnée, harmonieuse, une idée répondant à l'autre pour la prolonger et l'enrichir tout comme les phrases musicales se déroulent parallèlement les unes aux autres...

Alors, puisqu'il faut choisir, voici rien moins que les quatre glorias des quatres messes brèves. Il semble que cette partie de la liturgie, "à la Gloire de Dieu" ait particulièrement inspiré Bach. Rappelons qu'il s'agit de messes luthériennes, mais très proches de la liturgie catholique. Bach n'était pas à ça près, l'œcuménisme lui allait bien pourvu que la musique s'y retrouve.

D'une part mon interprétation préférée, celle de Philippe Herreweghe, enregistrée en France en juillet 1989 par le label Virgin Classics.

Et pour comparer, d'autre part, les mêmes enregistrés sous la direction de Martin Fläming en 1972, repris dans l'intégrale des oeuvres de Bach publiée par Brilliant Classics.

Le vrai visage de Bach reconstitué par les scientifiques,

Gloria in excelsis Deo
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Laudamus te. Benedicimus te. Adoramus te.
Glorificamus te. Gratias agimus tibi
propter magnam gloriam tuam,
------
Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,
Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté
Nous te louons, nous te bénissons, nous t'adorons,
Nous te glorifions, nous te rendons grâce,
pour ton immense gloire,

Les quatre gloria par Herreweghe




Les quatre gloria par Fläming

vendredi 4 décembre 2009

Pêcheur de perles musicales (19) : Haendel, For unto us a child is born...


Le blog s'était déjà arrêté sur le grand Haendel, à propos des opéras Tamerlano et Xerxès. A l'approche de la nativité, il paraît intéressant de proposer une perle musicale issue cette fois-ci de sa musique sacrée, du célébrissime oratorio Le Messie, composé pour la période de Pâques mais habituellement donné depuis pendant l'Avent.

For unto us a child is born en est un morceau de choix, proposé sur l'internet dans des dizaines de versions de toute qualité et de toute facture. On voir au passage à quel point, tout archi connu qu'il soit, l'air peut être difficile et piégeux, compte tenu des horreurs musicales proposées quelquefois.

Dans les onze versions qui suivent, choisies entre tant d'autres, trois mentions particulières.

D'une part à la version du choeur des Mormons, dans le style : plus il y en a, mieux c'est. Ouf ! A quand le Guiness des records par le nombre de chanteurs réunis ? On trouve par ailleurs beaucoup de bondieuseries, surtout venues des Etats Unis, dans les versions vidéos mises en ligne par les internautes, genre enchainement de scènes de la nativité ou diaporama représentant des nouveaux nés sous toutes leurs coutures... Curieuse réminiscence de l'origine de l'oratorio, qui défraya les chroniques au moment de sa sortie, car trop "grand public". Il était d'ailleurs produit dans des salles de spectacles avec force artifices de mise en scène et pas dans les Eglises. Scandale !

Ensuite, ne pas manquer la version de Spinosi, retransmission d'un spectacle au théâtre de Vienne en avril de cette année, qui utilise les chanteurs d'une manière un peu décalée, à la manière d'un opéra, mais sans sacrifier à la qualité musicale .

Enfin, la version de Marcelos Ramos, avec le Choeur Madrigale et l'orchestre symphonique du Minas Gerais, donnée au Grande Teatro Palacio das Artes de Belo Horizonte en décembre 2007, qui dépoussière ce tube de la musique classique par un phrasé tout particulier, tant pour les instruments que pour les choeurs. Etrange. Mais évidemment on peut ne pas aimer.

Pour le reste, on trouvera toutes les grandes interprétations intéressantes. L'Oratorio ayant été composé en anglais à Londres, les versions britanniques sont les plus nombreuses.

Côté technique, les onze versions sont proposées en utilisant la fonction de Playlist (Juke box en français) du site YouTube. Il suffit de passer la souris en bas de la vidéo pour faire apparaitre en miniature les autres versions et de cliquer sur celle que l'on souhaite. Bonne écoute.

For unto us a child is born,
unto us a son is given,
and the government shall be upon His shoulder;
and His name shall be called
Wonderful, Counsellor, the mighty God,
the Everlasting Father, the Prince of Peace.

Car un enfant nous est né,
un fils nous a été donné
l'empire a été posé sur ses épaules,
et on lui donne pour nom
Conseiller admirable, Dieu fort,
Père éternel, Prince de la paix

(Isaie 9: 6)


samedi 31 octobre 2009

Pêcheur de perles musicales (18) : Lully, les Grands Motets


Lully


Le Chapelle royale, à Versailles

Comme pièces de la musique religieuse, les motets visent à glorifier Dieu. Mais pour les Motets de Lully, et surtout les grands Motets - ceux qui comportent la formation musicale la plus riche - on se demande s'ils ne sont pas plutôt directement à la gloire de son représentant sur terre, son Seigneur et Maître le Grand Roy (Prononcez "Roué" s'il vous plaît, on vous l'a déjà dit)

Un portrait de Louis XIV peut-être un peu moins connu que les autres...
Charles Le Brun (1667)
Pastel sur papier-beige, collé par les bords sur carton.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques

On a vu en effet sur le blog précédemment à quel point le Surintendant de la musique royale pouvait être d'une servilité totale. De plus, au moment où le Miserere dont on présente les extraits ci-dessous a été composé, il fallait encore, asseoir l'autorité royale face aux évêques. Et Louis triompha encore. Cette musique est comme la célébration de cette victoire : en matière terrestre comme en matière céleste, c'est Louis Dieudonné (son deuxième prénom) qui a la main, et les évêques lui seront soumis.

Voici deux versions du Miserere (Psaume 51), composé en 1664 par un Lully trentenaire, assez curieusement, sans qu'il en ait ni la commande ni le mandat semble-t-il, mais qui fit grosse impression. Il fit pleurer Madame de Sévigné dit-on. Alors sortez vos mouchoirs au cas où et repentez vous, le Miserere, déjà rencontré sur le blog avec Allegri, sert à cela.

Miserere mei, Deus
secundum magnam misericordiam tuam.
Et secundum multitudinem miserationum tuarum
dele iniquitatem meam.

Amplius lava me ab iniquitate mea
et peccato meo munda me.
Quoniam iniquitatem meam ego cognosco
et peccatum meum contra me est semper.
Tibi soli peccavi, et malum coram te feci

ut justificeris in sermonibus tuis, et vincas cum judicaris.
Ecce enim in inquitatibus conceptus sum
et in peccatis concepit me mater mea.

Ecce enim veritatem dilexisti
incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.
Asperges me, Domine, hyssopo,
et mundabor: lavabis me, et super nivem dealbabor.

Auditui meo dabis gaudium et laetitiam
et exsultabunt ossa humiliata.
Averte faciem tuam a peccatis meis
et omnes iniquitates meas dele.

--------

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.

Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j'étais pécheur dès le sein de ma mère.

Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret tu m'apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l'hysope, et je serais pur ;
lave-moi et je serais blanc, plus que la neige.

Fais que j'entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.

Créé en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.


Version dirigée par Hervé Niquet,
le concert spirituel, éditeur Naxos, 1993


Version Olivier Schneebeli
Centre de musique baroque de Versailles,
éditeur K617, 2002
(utiliser le bouton à droite pour accéder à tous les extraits)

samedi 13 juin 2009

Pêcheur de perles musicales (17) : Vivaldi, la musique sacrée


Ouf ! Quelle découverte - il y a longtemps déjà - que la musique sacrée de Vivaldi : un trésor culturel qui pourrait constituer le début du commencement de la preuve de l'existence de Dieu si on avait vraiment envie d'y croire. L'envie de se mettre à genou et d'écouter la parole du Très Haut en oubliant tout le reste... Plus simplement : la beauté est là, partout, comme à Venise, la ville du compositeur


J'ai hésité entre plusieurs pièces à proposer au visiteur et j'ai eu du mal à choisir... Mais puisqu'il faut être sélectif, voici deux extraits du Dixit dominus RV 594 : le Tecum principium et le De torrente, qui sont les deux premiers mots des phrases du psaume mis en musique, en l'occurence le psaume 109 du livre des Psaumes contenu dans la Bible. Re-ouf.

On trouvera d'abord les deux morceaux en version audio par le Choeur symphonique et l'orchestre de la fondation Gulbekian de Lisbonne dirigés par Michel Corboz. Ce n'est pas ma version préférée, car les mises en musique de Corboz me paraissent toujours un peu incertaines, avec des choix de timbres de voix qui ne me plaisent en général guère. Et puis je trouve le tempo beaucoup trop rapide. Question de goût j'imagine.


Mais encore une fois, je ne peux guère faire écouter ma version préférée, celle de Vittorio Negri, qui date des années 70 et qui gît au fond d'un microsillon noir en vinyl que je n'ai pas encore les moyens de ressusciter correctement.

Les versions vidéo proposées ensuite sont à mon avis bien meilleures. Le Tecum principium est dirigé par Rinaldo Alessandrini et chanté par la contralto Sara Mingardo et le De Torrente est chanté par la soprano Roberta Invernizzi, dont la voix bien timbrée et même un peu grave pour une soprano convient bien à ce morceau. Si seulement elle était un peu mieux posée, ce serait encore mieux.

Mais les chroniques indiquent que les compositeurs comme Vivaldi, de leur temps, se plaignaient de n'avoir pas à disposition des interprètes à la hauteur de leur musique. Et sans doute le public était-il moins exigeant qu'à notre époque, dont les oreilles ont été formatées par les tables de mixage d'où l'on peut gommer toute fausse note ou approximation.

Tecum principium in die virtutis tuae
In splendoribus sanctorum
ex utero ante luciferum genui te.

Ton peuple est plein d'ardeur, quand tu rassembles ton armée
Avec des ornements sacrés, du sein de l'aurore
Ta jeunesse vient à toi comme une rosée

------------

De torrente in via bibet
propterea exaltabit caput

Il boit au torrent pendant la marche
C'est pourquoi il relève la tête.




Dixit dominus (Extraits)







vendredi 17 avril 2009

Pêcheur de perles musicales (16) : la 3° Leçon de Ténèbres


Le grand François Couperin, musicien de Louis XV, reste plutôt méconnu. Il s'est illustré en son temps surtout comme grand maître du clavecin, mais sa musique vocale vaut plus qu'un détour, et notamment ses leçons de ténèbres, composées en 1714.

Les leçons de ténèbres, curieuse et belle appellation, désignaient une liturgie spéciale, aujourd'hui disparue je crois, qui était celle des offices religieux catholiques qui se déroulait les trois derniers jours de la semaine sainte, d'abord la nuit, puis le soir, et au cours duquel on éteignait une à une toutes les lumières de l'église pour figurer l'annonce de la disparition du Christ et le retour de l'humanité à l'obscurité. Le texte biblique utilisé en support est celui des Lamentations de Jérémie, qui raconte la chute de Jérusalem livrée aux oppresseurs du peuple juif.

Manum suam misit hostis
ad omnia desiderabilia ejus,
quia vidit gentes ingressas sanctuarium suum, de quibus præceperas ne intrarent in ecclesiam tuam

L’oppresseur a étendu la main
sur tout ce qu’elle avait de précieux ;
elle a vu pénétrer dans son sanctuaire les nations
auxquelles tu avais défendu d’entrer dans ton assemblée.

La troisième leçon est spécialement belle, dépouillée, aérienne. En voici deux extraits, comme à l'habitude dans des versions chantées par des hommes et par des femmes. En extrait audio, on trouvera les hommes : la version incontournable d'Alfred Deller et de Philip Todd, puis celle de René Jacobs et Vincent Darras.

En version vidéo, on trouvera les femmes : la version des Arts Florissants chantée par les sopranos Patricia Petibon et Sophie Daneman, puis une curieuse version concert tournée en amateur en 2007 en l'Eglise Saint Nicolas d'Amsterdam, dont la prise de son restitue bien l'ambiance ecclésiale du morceau, évidemment écrit pour que les sons se réverbèrent sous les hautes voutes des églises, quelques bruits parasites de papier froissé en prime ! Les chanteuses sont Tanja Obalski et Lauren Armishaw.

Puis, pour finir, un bel extrait du film d'Alain Corneau Tous les matins du monde (1991), qui utilise le même morceau, dans une interprétation parfaite du grand Jordi Savall avec Montserrat Figueras et Maria Christina Kiehr





Leçons de ténèbres 3






jeudi 22 janvier 2009

Pêcheur de perles musicales (15) : Wir eilen...

Il était inévitable dans ce cycle "perles musicales" de venir à Bach et notamment à ses cantates, qui sont en grande partie à l'origine de ma passion pour la musique du XVIII° siècle, et qui m'ont accompagné fidèlement depuis.

Pratiquement toutes des petits bijoux ciselés à façon, dimanche après dimanche, par ce pauvre Cantor de Leipzig, dont personne n'apercevait à l'époque l'ampleur du génie, et qui se plaignait beaucoup de ce rythme effréné - une cantate tous les dimanches, vous vous rendez compte ? -, mais aussi de sa grande difficulté à trouver des voix capables de les chanter sans les massacrer. Il en a composé sans doute aux alentours de 300, dont 200 nous sont parvenues.

Pour ceux qui veulent approfondir, voici un article excellent que j'aurais aimé pouvoir écrire et qui dit tout.

Alors quoi retenir de cette énorme somme de travail ? Et bien, tout à fait arbitrairement, le deuxième air d'une des toutes premières cantates que j'ai pu écouter il y a bien longtemps, la BWV 78.


Cet air illustre la formidable capacité qu'a Bach de marier signifié et signifiant ou paroles et musique, si on préfère, l'un épaulant l'autre pour en sublimer le sens et l'harmonie. Du grand art, tout autant sensuel que cérébral.

En voici deux versions qui me plaisent bien, mais ma préférée n'est pas là : dirigée par Michel Corboz, éditée il y a... trente ans (ouf !), elle repose au fond de microsillons de vinyl noir que je n'ai pas encore su extraire en forme numérique, mais cela sera fait prochainement.

La première version est dirigée par Philip Herreweghe, chantée par Ingrid Scmithüsen, Soprano
et Charles Brett, Alto (Orchestre :
La Chapelle Royale)

La seconde est dirigée par Joshua Rifkin et chantée par Julianne Baird, Soprano et Allan Fast, Contre-tenor (Orchestre : Bach Ensemble)

Je vous passe les autres versions disponibles, fort inégales et quelquefois franchement mauvaises, compte tenu de la subtilité de l'air et de sa difficulté technique.

Wir eilen mit schwachen, doch emsigen Schritten,
O Jesu, o Meister, zu helfen zu dir.
Du suchest die Kranken und Irrenden treulich.
Ach höre, wie wir
Die Stimmen erheben, um Hülfe zu bitten!
Es sei uns dein gnädiges Antlitz erfreulich!

De nos pas faibles mais empressés
Nous accourons vers toi, ô Jésus, ô maître, pour recevoir ton aide.
Tu accordes fidèlement tes soins aux malades, aux égarés.
Ah, entends comme nos voix
S'élèvent pour implorer ton secours!
Puisse la vue de ta face où rayonne la grâce nous dispenser la joie!

Enfin, une version fantaisie, pourquoi pas, qui montre la solidité du morceau en ce qu'il résiste à ce traitement japonisant tendance manga... On aura tout entendu !









dimanche 9 novembre 2008

Pêcheur de perles musicales (14) : Casta diva

Qui sait que l'opéra Norma de Bellini se déroule en Gaule romaine ? Peu importe, il reste de l'opéra un des plus grands airs lyriques, qu'on peut à peine présenter tant il est célèbre.

Une perle musicale extraordinaire, hymne à la Lune, décortiquée sur ce site de spécialiste.

Casta Diva, che inargenti
queste sacre antiche piante,
a noi volgi il bel sembiante
senza nube e senza vel...
Tempra, o Diva,
tempra tu de’ cori ardenti
tempra ancora lo zelo audace,
spargi in terra quella pace
che regnar tu fai nel ciel...




Pure Déesse, qui argente
ces plantes antiques et sacrées,
Tourne ta splendeur vers nous
sans nuages, dévoilée...
Tempère, O Déesse,
Le courageux zèle
de ces esprits ardents,
répands sur la terre cette paix
que tu fais régner dans les cieux...

Quatre interprétations, dont deux incontournables : celle de la Callas et celle de Joan Sutherland, les plus grandes d'entre les grandes pour ce rôle réputé difficile. Cette version de Joan Sutherland est de loin ma préférée : chaleureuse, toute en rondeur... lunaire !

Puis une version de Montserrat Caballe prise en extérieur, que je trouve exceptionnelle, - avec le vent qui pourrait être celui des grandes forêts gauloises dans les voiles en supplément. Enfin, pour le "fun", si j'ose dire, une version plus récente et très "glamour" de la très controversée Angela Gheorghiu. Plus un air est célèbre, et plus il doit devoir (et pouvoir) supporter ce genre de choses :-)