Blog perso pour se faire plaisir et communiquer avec les amis qui sont loin, et tous les autres : visites, impressions, découvertes...
Les humeurs quotidiennes ont été reléguées sur Facebook. J'ai dû désactiver les commentaires à cause des spams, désolé.


samedi 31 octobre 2009

Pêcheur de perles musicales (18) : Lully, les Grands Motets


Lully


Le Chapelle royale, à Versailles

Comme pièces de la musique religieuse, les motets visent à glorifier Dieu. Mais pour les Motets de Lully, et surtout les grands Motets - ceux qui comportent la formation musicale la plus riche - on se demande s'ils ne sont pas plutôt directement à la gloire de son représentant sur terre, son Seigneur et Maître le Grand Roy (Prononcez "Roué" s'il vous plaît, on vous l'a déjà dit)

Un portrait de Louis XIV peut-être un peu moins connu que les autres...
Charles Le Brun (1667)
Pastel sur papier-beige, collé par les bords sur carton.
Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques

On a vu en effet sur le blog précédemment à quel point le Surintendant de la musique royale pouvait être d'une servilité totale. De plus, au moment où le Miserere dont on présente les extraits ci-dessous a été composé, il fallait encore, asseoir l'autorité royale face aux évêques. Et Louis triompha encore. Cette musique est comme la célébration de cette victoire : en matière terrestre comme en matière céleste, c'est Louis Dieudonné (son deuxième prénom) qui a la main, et les évêques lui seront soumis.

Voici deux versions du Miserere (Psaume 51), composé en 1664 par un Lully trentenaire, assez curieusement, sans qu'il en ait ni la commande ni le mandat semble-t-il, mais qui fit grosse impression. Il fit pleurer Madame de Sévigné dit-on. Alors sortez vos mouchoirs au cas où et repentez vous, le Miserere, déjà rencontré sur le blog avec Allegri, sert à cela.

Miserere mei, Deus
secundum magnam misericordiam tuam.
Et secundum multitudinem miserationum tuarum
dele iniquitatem meam.

Amplius lava me ab iniquitate mea
et peccato meo munda me.
Quoniam iniquitatem meam ego cognosco
et peccatum meum contra me est semper.
Tibi soli peccavi, et malum coram te feci

ut justificeris in sermonibus tuis, et vincas cum judicaris.
Ecce enim in inquitatibus conceptus sum
et in peccatis concepit me mater mea.

Ecce enim veritatem dilexisti
incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.
Asperges me, Domine, hyssopo,
et mundabor: lavabis me, et super nivem dealbabor.

Auditui meo dabis gaudium et laetitiam
et exsultabunt ossa humiliata.
Averte faciem tuam a peccatis meis
et omnes iniquitates meas dele.

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Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.

Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j'étais pécheur dès le sein de ma mère.

Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret tu m'apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l'hysope, et je serais pur ;
lave-moi et je serais blanc, plus que la neige.

Fais que j'entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.

Créé en moi un coeur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.


Version dirigée par Hervé Niquet,
le concert spirituel, éditeur Naxos, 1993


Version Olivier Schneebeli
Centre de musique baroque de Versailles,
éditeur K617, 2002
(utiliser le bouton à droite pour accéder à tous les extraits)

mercredi 28 octobre 2009

Cycle Utopies réelles (6) : les missions jésuites du Paraguay



Le blog s'était promis de revenir sur les missions jésuites d'Amérique du Sud quand il avait proposé au visiteur une perle musicale issue de la curieuse musique baroque du nouveau monde.

Paradoxal épisode de l'histoire, d'ailleurs popularisée par le film Mission en 1986, que cette création par les jésuites - avec l'approbation du pouvoir colonial espagnol, qui , partout ailleurs autorisait les massacres en masse et la contrainte - de ces petites républiques autonomes, sur les frontières de ce qui est maintenant l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et le Brésil. Les missions furent fondées officiellement par le pouvoir espagnol en 1606 pour s'éteindre dans la deuxième moitié du XVIII° siècle.


Fondées sur une vision à la fois humaniste et théocratique des indigènes, leur accordant liberté et protection, les "réductions" indigènes étaient tout de même des sortes de réserves, mais elles ont préservé le peuple Guarani de la destruction pure et simple. A l'époque, la règle générale dans la rencontre des peuples, surtout aussi éloignés, étaient la guerre, l'asservissement, le massacre, quand ce n'était pas la maladie infectieuse importée d'Europe : Dieu reconnaitra les siens !

Les missions jésuites ont été rendues possibles du fait d'une conception très large de la divinité que les jésuites ont pu développer, que même Voltaire respectait tant elle était rare.


Les ruines des réductions jésuites, toutes construites sur le même plan ou à peu près, comme dans toute utopie bien organisée, sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco.


vendredi 23 octobre 2009

Les photos de l'automne



Les promenades de l'automne méritaient bien une mise à jour de la sélection 2009. Un petit tour à Pierrefonds, le festival de la marionnette à Charleville-Mézières et un beau week-end à Bruxelles ont permis de tester, non sans mal, un tout nouvel appareil dont les subtilités échappent encore en grande partie...


mercredi 21 octobre 2009

Et pourquoi pas la Pologne ?

Gerhard m'envoie cette carte de Pologne en m'indiquant qu'il prend tous les contacts pour faciliter un séjour la-bas l'été prochain. Une opportunité pour continuer la tournée baltique, et on ne marchera pas sur les touristes je pense. La suite au prochain épisode.

samedi 17 octobre 2009

Shopping à la Magritte...


Un jour le blog parlera de chats, car il paraît qu'Albert Schweitzer aurait dit : Il y a deux moyens d'oublier les tracas de la vie : la musique et les chats.

Voici en attendant un objet à la Magritte fort utile dont les fonctions restent à traduire en Français (ce sera bientôt fait), et qui coûte aux Etats Unis une dizaine de dollars. Tout de même. A bon chat...

mardi 6 octobre 2009

Magritte, enfin




Ce n'est pas tous les jours qu'un musée majeur ouvre ses portes. Le blog s'était fait la promesse d'une visite à Bruxelles pour visiter le nouveau musée Magritte, ouvert en juin dernier. Voilà qui est fait, et bien fait.

Passons rapidement sur les quelques inconvénients : prendre son billet à l'avance pour un créneau horaire déterminé (sinon, gros risque de trouver le musée tout simplement fermé compte tenu de l'affluence), des salles toutes noires qui fatiguent l'oeil à la longue, d'autant que l'organe en question est fortement sollicité, comme on l'imagine.


Pour le reste, ce musée - pas trop grand - est fort bien fait : un parcours muséographique tout à fait transparent et bien organisé, beaucoup de toiles majeures, mais aussi des dessins, des textes, des lettres et toutes sortes de documents graphiques. Le tout ponctué par des citations de l'artiste assez bien choisies, reproduites sur les murs.

L'affinité esthétique et intellectuelle tout à fait particulière avec Magritte fait le reste. Sa rencontre, à tant de reprises au fil de la vie intellectuelle personnelle, fait que chacun de ses tableaux apparaît comme évident, limpide, parfaitement intelligible, malgré les loufoqueries et les paradoxes mis en scène.

Ne pas manquer le très éclairant film coproduit par Arte qui évoque la vie de Magritte, dans son étonnant mélange de folie et de conformité quotidienne et montre notamment ses propres mises en scènes filmées avec ses amis (d'où nombre de ses tableaux étaient issus), ses autoportraits avec grimaces (dont une imitation étonnifiante d'Hitler)

Et pour finir, une boutique où l'on trouve notamment des livres très accessibles financièrement. De surcroît, le Musée Magritte fait partie du même ensemble que le Musée royal des beaux arts, avec lequel il partage donc tous les autres services : café, brasserie, librairie... En somme, de quoi passer une bonne journée capable de nourrir esthétiquement toutes les suivantes pour assez longtemps.